Job Et Sa Conscience

Dans la bible, il y a un personnage dont on parle régulièrement, tant par son histoire que par la leçon qu’il a laissée à l’humanité. Il était un notable de la place: beaucoup de richesses, de terres, de propriétés, d’animaux. Il avait une belle femme, de beaux enfants, une grande vigueur malgré son âge avancé. Il respectait toutes les règles que lui prescrivait la loi de son Dieu et aidait les gens, peu importe leur richesse et leur rang social. Il avait une renommée  qui s’étendait  bien au-delà de son village au point où on venait le consulter régulièrement pour différentes situations.

Puis, allez savoir pourquoi, il a fini par tout perdre, même la santé. Il n’arrivait pas à saisir ce qui lui arrivait. Et plus il y songeait, moins cela avait de sens. Ses amis les plus proches sont venus le soutenir et lui proposer leurs explications, leur ‘’lumière’’. Selon eux, Job avait sûrement été fautif quelque part pour que Dieu le punisse à ce point. Alors, il n’avait d’autre choix que d’y penser sérieusement et, surtout, demander pardon et se corriger. Mais, toutes ces explications et suggestions n’apaisaient guère Job. Cela avait du sens pour eux mais pas pour lui.

Il finit par avoir une sainte colère contre eux qui n’étaient d’aucune utilité et contre Dieu qui était injuste. Et le temps passa péniblement. Puis, dans son désarroi, il cessa de rechercher des réponses à toutes ses questions, ayant épuisé tous les scénarios. C’est alors qu’une piste inattendue est apparue. Et si Dieu n’avait rien à voir dans tout cela, comme juge ou comme bourreau? Et si ce qui arrive n’avait rien à voir avec des fautes commises ou abstenues? 

Alors, Job finit par comprendre que la pendule va aussi loin d’un bord comme de l’autre. Il avait tout, il perdra tout. D’autant plus que sa réussite ne reposait que sur des critères  extérieurs à lui et non sur son essence même, sur l’avoir et non sur l’être. Ensuite, son contact avec Dieu reposait sur le respect de certaines ordonnances, de certains rituels qui satisfaisaient l’homme qu’il était, pas nécessairement Dieu. Enfin, il devait voir les autres pour ce qu’ils sont réellement et non se contenter de les voir le regarder avec admiration et envie.

Graduellement, Job est passé de la souffrance à la conscience pour apprendre la vie. Dans sa souffrance, Job n’avait qu’une perception limitée de toute situation: chercher en espérant trouver la source de cette souffrance. Une fois trouvée ou suspectée, il ne restait qu’une action possible: fuir. Et le résultat en était simple: éviter le pire. Dans sa conscience, il avait une vision plus large des événements, une action plus diversifiée face à eux, un résultat plus efficient: se trouver mieux. 

Il a finalement compris que la solution à tout problème est contenue dans le problème même. La vie étant un combat, l’épreuve contient tous les éléments de la maturation. Il s’est remis à la tâche sans perdre son énergie et son ingéniosité à de fausses raisons, à de fausses pistes. Et fort de cette nouvelle conscience, Job connut à nouveau le succès et la réussite mais sur des bases solides.

Le Fou Du Village