Être 50 Ans

Avoir 50 ans, c’est une accumulation d’années, d’objets, de lieux, de gens qui ont meublé notre vie, notre solitude souvent. C’était comme être balloté dans un tourbillon qui nous occupait constamment: notre temps, notre espace, nos jours et nos nuits. Ce remplissage nous donnait l’illusion d’être quelqu’un d’important. Et si malgré tout des nullités pointaient le nez, on se dépêchait d’ajouter d’autres projets, d’autres mouvements. Notre territoire était plein de tout et de rien, toujours en mouvance parce que le silence et le repos devenaient menaçants. Notre réussite s’appuyait sur le regard des autres, sur l’accumulation extérieure.

Puis arrive un essoufflement, comme si le corps et tout notre être demandaient un temps de repos, de réflexion. Ai-je vraiment besoin de cette frénésie pour être heureux? Des départs, des déménagements ont laissé une trace et ont contribué à ce questionnement. Notre terre n’est plus aussi calme mais il n’y a pas encore une issue ressentie. Parfois, un certain vide colle à nos talons, un vide de sens.

Être 50 ans, c’est commencer à apprécier ce que l’on a, l’apprécier, le goûter même. C’est aussi  le début d’un bilan qui peut nous conduire à quelque chose d’autre. Nous demeurons toujours actifs mais sous une autre forme. Nos goûts, nos intérêts, nos choix, en somme nous-mêmes, ne peuvent plus être négligés. On ne veut plus répondre à nos seules obligations, nos seules responsabilités mais on pressent un besoin de réalisation qui est liée à notre nature profonde, notre essence. On veut naître à soi-même pour ne pas croupir.

Le désir va être là de plus en plus mais sans de vrais plans pour y parvenir et encore moins une réelle mise en action. En sourdine, tout va se préciser avec le temps pour aboutir à un nouveau cadre de vie et peut-être à des décisions qui n’étaient pas prévues. Voilà que se pointe un nouveau territoire à explorer, à habiter. À tout le moins, l’ancien domaine va devoir être rénové et ajusté à ces nouvelles orientations.

Imaginez ce que peut être 60 ans, puis 70ans. Un ami centenaire veut se rendre à 115. Et d’ajouter qu’il y a encore quelques p’tites choses à apprendre. À ce point, soyons patients  et surtout tolérants envers nous-mêmes et les autres.

(Inspiration et hommage à Ysabelle)

Le Fou Du Village