Achétype Humain

Si nous considérons l’univers, tout est bâti selon une mécanique et une dynamique qui sont à la fois nécessaires mais parfois déroutantes. L’atome, la cellule, les systèmes solaires, nos sociétés sont faits d’un centre ou noyau autour duquel gravitent et interagissent des particules. Et tout est harmonisé. Or, si survient la scission d’un élément ou une fusion entre des segments, le chaos s’installe et l’énergie dégagée est catastrophique. Une réaction en chaîne est inévitable et tout se bouscule. De la même façon, dans une société humaine, le centre est constitué de quatre personnages  qui sont de l’ordre de l’archétype.

Le Féminin est au centre de tout parce qu’il donne la vie et un peu plus de vie. De fait, la Mère ne fait pas que porter l’enfant, elle le fabrique de ses entrailles comme une terre nourricière.  Elle est une alchimiste qui tire des ténèbres une lumière, d’un rien un tout organisé. Bien plus, dès sa naissance, elle enseigne à l’enfant les fondements de sa vie future. Elle est l’école vivante,  la culture vivante. Les anciens disaient que l’enfance ‘’appartenait’’ au féminin.

Au second plan mais tout aussi essentiel, le Masculin, quant à lui, est porteur de la semence et, de ce fait, il doit devenir un jardinier. Comme tel, il est le gardien de l’œuvre et il assure la cohésion du groupe appelé famille. Il veille à tout ce qui sera important pour le nid et le féminin. De  là,  il est l’autorité vivante, le dominant,  sans jamais être le dominateur. Les anciens disaient que lorsqu’elle quittait le nid douillet de l’enfance, l’adolescence, ou l’équivalent, ‘’appartenait’’ au masculin.

Dans leur engagement, ce couple rêve d’un prolongement, d’une suite. Ce bonheur, cet amour doit éclater et s’incarner dans une réalisation encore plus grande que leur couple même. L’enfant devient alors le projet vivant. Il est leur petit trésor qu’ils contemplent fiers d’eux-mêmes, leur fierté qu’ils peuvent afficher  occasionnellement. Ils lui pardonnent ses mauvaises odeurs occasionnelles, leurs nuits blanches ponctuées de boires  réguliers.  Puis, contre toute attente, ce petit despote bouleverse tout et se permet même de les éduquer. En imposant sa présence, il les force à s’oublier, à sortir de leur douce quiétude, de leur confort. Et vogue la galère, en tenant le cap sur et pour la vie.

Enfin, il y a la personne âgée qui, sans être au centre même de la vie, devient l’histoire vivante. C’est elle qui, par son expérience,  connaît les pièges de l’existence et, surtout, comment contourner ces montagnes. Elle connaît aussi les rituels, les gestes, les mots qui deviennent ‘’Paroles’’ parce qu’habités de l’Esprit et qui nous mettent en contact avec l’invisible, avec les ancêtres. En cela, elle devient un point d’ancrage, un supplément aux missions du féminin et du masculin. Elle assure la continuité de l’humanité dans ce qu’elle a de plus sacré: la finalité consciente de notre destinée à tous sans être notre destruction.

Voilà pour ce qui est du noyau autour duquel s’organise une vie dans une durée. Or, comme il est dit ci-haut, lorsque les éléments d’un tout sont sectionnés ou fusionnés, s’installe un chaos, une énergie destructrice qui menace l’harmonie et peut aboutir à la destruction de l’ensemble. Jamais pour une fin définitive mais comme pour signaler la nécessité d’une correction, d’une évolution. Et ne jamais oublier que la solution est dans le problème, que la maturité est dans l’épreuve.

Le Fou Du Village