La Mort Dans Tous Ses États

Qui n’a jamais pensé à la mort ? Va pour celle des autres, mais en ce qui concerne la nôtre, c’est autre chose. On a du mal à considérer qu’on puisse avoir un vieillissement naturel avec perte de capacités, d’autonomie et même de l’incontinence. On ne veut pas penser à ces maladies qu’on dit ‘’mortelles’’ et qui peuvent être notre lot un jour.

Avec le temps et la modernité, la mort a pris différentes formes. Bien sûr, elle est devenue un acte ‘’médical’’, de la pré-naissance à la fin de vie. Sous des principes tout à fait louables, il est devenu permis et souhaitable, appuyé par la loi, d’interrompre un processus naturel. En quelque sorte, la vie n’est plus un droit mais un privilège réservé. Sans penser que cela puisse aboutir à un tri abusif, à un eugénisme. La mort-professionnelle.

D’autre part, il n’est plus question du modèle traditionnel où l’enfant, l’adulte et l’aîné co-habitent dans un même espace et s’apportent mutuellement selon les capacités de chacun. Maintenant, il y a des lieux réservés pour les personnes âgées autonomes, semi-autonomes et invalides. Pour ceux-ci, il y a même des étages qui sont comme des mouroirs. Dans ce contexte, nous pouvons parler de vieillesse et surtout de mort colonisées.

De plus, il faut reconnaître que, pour certains,  la mort est devenue rentable. Encore une fois pour des raisons honorables, le mort peut servir à sauver d’autres vies par un commerce  d’organes ou de foetus vivants. Tout au plus, les morts ainsi échangés, peuvent alimenter les laboratoires pour des recherches de haut niveau. La mort-business.

La mort étant définitivement une inconnue, elle suscite beaucoup de peur.  On en retient qu’elle est farouche, insensible, impitoyable. Mais, pour la science, la mort est devenue le dernier sujet tabou qu’on se doit de contrer, de vaincre et de traiter. La mort-maladie.

Par contre, pour le commun des mortels, on préfère ne pas y penser, ni en voir des manifestations. Dès lors, dans le rituel funéraire, on cherche à éviter toute manifestation d’émotions potentiellement ‘’libératrices’’. Alors, les gens sont priés de sortir de la pièce lors de la fermeture du cercueil, sont priés de partir avant la mise en terre…recouverte d’un tapis. Et il y a mieux, que penser de la crémation et de l’urne qui se fait discrète à côté d’une photo du vivant ? Surtout, pas de cadavre. La mort cachée.

Mais qu’en est-il au juste ? On pourrait considérer la mort comme un ultime lâcher-prise. On pourrait la ‘’vivre’’ comme un abandon de notre vie d’éveil pour avoir accès à un autre monde avec ses lois et ses symboles. Le mental et la raison ne seraient  plus les seuls maîtres du jeu et l’esprit prendrait la relève. En ce sens, le sommeil et l’orgasme seraient de ‘’petites morts’’ .

Sur un autre plan, la mort pourrait être vue comme la fin complète de quelque chose de positif mais périssable comme la vie, une relation etc. Alors, elle est vue comme une ‘’faucheuse’’ qui détruit. À d’autres moments, elle est vue comme une’’libératrice’’ d’ennuis, de problèmes. Elle appelle donc l’ambivalence: elle délivre des forces régressives de la terre pour libérer les forces ascensionnelles de l’esprit. Elle ne serait pas une fin en soi mais elle ouvrirait à la vie véritable. Elle a un pouvoir de régénération, de renouvellement et de renaissance. C’est ainsi que d’aucuns disent que la mort porte la vie, que la mort est la dernière étape de croissance. La mort ‘’apaisée’’.

Sur un autre point de réflexion, la mort peut être affectée par la peur de la souffrance. Indépendamment des médicaments prescrits à profusion et  qui peuvent calmer la douleur, il existe un mécanisme naturel qui fait que l’organisme peut  secréter l’endorphine et soulager de beaucoup la souffrance, donner accès à un autre niveau de conscience qui ressemble à une forme d’absence. La mort douce.

Quant à la peur de l’enfer, il se peut qu’elle fut ‘’créée’’ par un clergé avide de pouvoir et de contrôle jusqu’à la fin de vie de ses ouailles comme on a ‘’créé’’ récemment, et monté en épingle, un virus pour faire peur,  torturer des populations entières et les soumettre ultimement.  La mort torturée.

Un autre aspect serait de considérer la mort liée à la finalité de tout être vivant, la mort programmée. Chez l’humain, à la naissance, il y aurait pour chacun une mission propre et un temps plus ou moins défini pour la réaliser. Cette énergie de départ servirait à cette fin et serait conditionnée au libre arbitre, à la discipline, à la conscience de son porteur. Bien sûr, il y aurait des incidents, des accidents qui pourraient intervenir mais qui seraient eux-mêmes ‘’planifiés’’. Selon la sagesse populaire, on va tous et toutes  mourir mais seulement quand notre temps sera venu.

Un dernier point, de plus en plus discuté, serait les intentions très nettes de certains dirigeants pour éradiquer certaines populations. La mort statistique. Ce serait le cas des génocides localisés liés à des races, des genres, des religions etc. Il y a maintenant un génocide généralisé ou mondial qui est à l’origine de  leurs actions,  la  ‘’dépopulation’’.   

Pour conclure, de façon générale, il faudrait peut-être reconnaître que naissance, vie et mort sont sur un continuum très personnel, unique à chacun de nous. La vie est une mort au quotidien et la mort serait une vie sur un autre plan, notre dernière ‘’étape de croissance’’. Les anciens disaient qu’il n’y avait que cela de juste sur terre. Tout le monde va y passer. Reste à savoir quel va être notre choix. Notre attitude face à la mort peut ressembler à celle qu’on avait  face à la vie….  On a donc toute la vie pour l’apprivoiser sans paniquer, lâcher prise, afin de bien l’accueillir lorsqu’elle pointera le nez.

Le Fou Du Village