La Violence Et Ses Petites Soeurs

On ne cesse de dire que le monde actuel est de plus en plus violent. Les médias font leur choux gras avec les images de la guerre, les scènes et les propos de menaces envers les enfants, les femmes, les étrangers, les politiques etc. Aujourd’hui, toute opinion exprimée avec une certaine émotion peut même devenir facilement ‘’inappropriée’’ et condamnée de facto. On en a fait comme une muselière. En cela, avec le temps, tout devient aseptique et ‘’froid’’. Seules les communications d’informations, de savoirs et d’opinions ont droit de cité dans les échanges. Peu ou pas de place à la connaissance ‘’réelle’’, celle qui meuble âme et esprit. Seule compte la proximité distante.

Mais, qu’en est-il de la violence et de ses petites sœurs ?  Ce sont  là des comportements bien distincts dans leur nature propre, dans leur degré de dangerosité, dans la stratégie que nous devons avoir pour en contrer les effets. Peu de gens semblent s’en préoccuper.

L’Agressivité est une pulsion comme la sexualité. Elle est nécessaire, naturelle et vitale.

Elle est à l’origine des espèces, de leur maintien. Elle est aussi l’un des moteurs de la survie individuelle. Elle n’est pas dangereuse parce que ritualisée. L’affrontement est dicté par la dynamique de la hiérarchie mais les gestes de soumission du dominé régleront le début et la fin des ‘’hostilités’’. Une fois la ‘’dominance’’ confirmée, le ‘’jeu’’ s’arrêtera. À mesure que nous délaissons nos modes de vie ‘’nature’’, les phénomènes d’agressivité prennent de nouvelles formes et nous devons quand même ‘’ prendre notre place dans le trafic.’’ 

La Colère est plutôt de l’ordre des émotions. Elle est provoquée par l’agresseur qui cherche à reprendre le contrôle, le pouvoir, sur les personnes ou les choses. La fin des hostilités est dictée par l’agresseur lui-même, selon qu’il se sente ou non confirmé dans sa ‘’domination’’. Les gestes de soumission n’ont pas l’effet escompté et, de ce fait,  les blessures risquent d’être plus graves. La colère n’a aucun sens car elle bloque l’expression du vrai message. Derrière elle, il y a souvent de la tristesse avec son sentiment de perte puis de la peur d’être impuissant à exprimer son véritable destin . Si elle se maintient, elle peut devenir pathologique car elle est un blocage à la libre circulation des forces de vie.

La Violence est un véritable mode de vie: de penser, de sentir et d’agir. Pathologique dans son apparition, son étiologie, son mode d’expression. Elle s’apparente à l’instinct de mort et vise à la destruction. La violence la plus sournoise est celle qui repose sur l’inversion accusatoire qui consiste à blâmer l’autre pour ce que nous faisons nous-mêmes comme dans une projection.  Le violent ne semble guère considérer l’autre comme un ‘’sujet’’ mais comme un ‘’objet’’, souvent symbolique, à détruire. Et, dans les cas extrêmes, la force destructrice est telle que le violent lui-même y passe ou y trépasse.

Voila les distinctions que nous pouvons apporter quant aux gestes, aux gens qui les posent. Au plan humain, il faut savoir à quoi s’attendre. Il en va de notre sécurité, voire même, de notre vie. Dans tous les cas, il faut être en alerte, déceler tout débordement et insister sur son caractère inacceptable. Car, avec le temps, il se pourrait que la violence détrône de plus en plus ses petites sœurs. En accumulant les frustrations, en quittant la nature, les liens naturels, l’aliénation ne fait que s’accentuer pour devenir pathologique.

Le Fou Du Village