Le Suicide…Un Impair?

Un jeune de mon village avait fait deux tentatives de suicide dont la dernière avait été un coup du destin. Son père l’avait ‘’décroché’’ in extremis dans le garage. Il a fini par remercier son père en avouant: ‘’Sans lui,  je serais mort pour rien ‘’.

En cela,  ‘’le suicide serait une mort inutile.’’ Les anciens nous disaient qu’on avait toute la vie pour apprendre à vivre. La vie était une école et les épreuves étaient  là pour nous permettre de nous dépasser car le confort rendait paresseux. Pour eux, l’échec n’était rien comparé à l’abandon. Ils parlaient du caractère sacré de la vie, d’un cadeau du Créateur et qu’un enfant bien élevé ne cherche pas à briser ce qu’il a reçu dans un acte d’amour.

D’autre part, ‘’ le suicide serait une vie inutile.’’ Une science parle d’Évolution, d’un processus de changements que subit ou assume tout être vivant. Cela garantit la survie des plus forts, pour leur bienfait et celui de leur espèce. Si un individu devient conscient , il peut apprendre et toujours davantage. S’il reste ‘’primaire’’, la souffrance peut lui enseigner seulement ce qu’il se doit d’éviter pour ne pas souffrir davantage. Non pas ce qu’il doit faire pour vivre, vivre mieux. On ne peut  naître seulement pour être la victime de ses ‘’démons’’.

Enfin, le suicide serait une naissance inutile. La naissance, la vie et la mort sont reliées dans un même processus, celui d’une histoire avec un début et une fin. Et, d’histoire en histoire, l’individu chemine, l’humanité chemine. Pour les vieux, elles étaient sacrées. Et, c’est ensemble, dans leur suite et leur complémentarité qu’elles étaient utiles. C’est en respectant ce ‘’tout’’ que l’homme pouvait espérer évoluer. Mais, si par un geste de sa propre volonté, il décidait de se tuer, tout, la naissance, la vie, la mort, devenait inutile. En s’attribuant un pouvoir ”inhumain”, le suicidé n’était plus reconnu par ses pairs et était de ce fait enterré hors du cimetière commun.

Sur un autre plan, il faut reconnaître que vivre ne suffit pas. Encore faut-il le faire en santé. Selon les anciens, la santé découlait d’une  harmonie et équilibre entre corps, âme et esprit. Pour eux, la santé serait d’avoir une action qui origine d’un besoin certain bien identifié et qui donne de l’énergie; d’une pensée claire bien centrée et orientée qui donne un plan de réalisation. Mais, qu’en est-il d’un suicidaire ?

Après un acte suicidaire non réussi, il n’est pas rare d’avoir des confidences allant dans le sens d’une gaffe. La personne réalise qu’elle était vraiment dans une ‘’bulle suicidaire’’ qui n’avait rien à voir avec la réalité. Elle était réellement dans un état second qui l’amenait à tout évaluer selon une pensée, un ressenti, un acte qui n’aboutissaient qu’à la nécessité de disparaître. Sorti de la bulle par son geste non complété, il est à même de  voir qu’il a un problème et qu’il devrait peut-être consulter pour comprendre réellement ce qui s’est passé, pourquoi il en était arrivé là. Pourquoi cette souffrance, ce mal de vivre, cette colère contre lui-même et les autres, ce besoin de vengeance. Pourquoi cette détresse qui empoisonne son existence.

Un dernier mot sur le suicide assisté ou euthanasie. Pour ne pas prolonger son agonie, quelqu’un qui n’a aucun espoir de guérison ou qui est  tenu en vie par la seule assistance d’instruments, peut manifester lui-même l’intention d’en finir.  Mais, il faut toujours faire la différence entre acharnement et abandon des soins.  Si l’acharnement est  inacceptable, l’abandon est discutable.

Le Fou Du Village