Plusieurs suicidaires ont une pensée magique qui leur laisse croire que s’ils ont échoué leur vie, ils vont contrôler et réussir leur mort. D’autres ont un message morbide laissé à ceux qui restent: ‘’ Je n’ai pas été capable d’être heureux avec vous, vous ne le serez pas sans moi. Vous êtes responsables de ce qui m’est arrivé, alors, payez maintenant.’’ Mais qu’en est-il vraiment ? Voilà regroupés ci-dessous quelques commentaires des ‘’survivants’’:
Le suicidé est un ignorant au plan de la pensée. Il ignore beaucoup de choses de la vie. D’échec en échec, il est persuadé qu’il est nul et qu’il le demeurera. Il ne voit pas de solution durable, alors, pourquoi s’obstiner ? Même ignorance face à la mort, qu’elle ne sera jamais une solution aux choses de la vie, qu’une solution finale et irréversible ne peut résoudre des ‘’problèmes’’ circonstanciels et réversibles. Même méconnaissance de la vie après la vie. Il ne sait pas qu’il y a différents états de conscience et que choisir de soulager sa souffrance présente peut le conduire à une torture encore plus grande à des niveaux plus subtils.
Il est un égoïste et orgueilleux au plan affectif. De son vivant, un suicidé se disait seul et isolé. Pour ses proches, il s’obstinait plutôt à jouer un rôle de gars parfait et ne voulait pas , au prix même de sa vie, montrer son vrai visage. Il se haïssait trop, au point de ne plus voir l’amour des autres pas plus que leurs espérances. Pourtant, tous auraient préféré le serrer dans leurs bras, même malheureux, plutôt que de contempler son cadavre. Et la haine d’alterner avec la honte, la pitié, la colère, la tristesse…et pour combien de temps ?
Le suicidaire est un paresseux au plan de l’action. Enfermé, emmuré dans son ignorance, dans son orgueil, le voisin avait consulté plus d’une fois, avait écouté plein de conseils, de menaces…sans jamais bouger. Il préférait le rêve, les paradis artificiels, l’inaction. Quand il s’est pendu, sa mère m’a dit: ‘’ Il a encore choisi la solution facile et nous a laissé le chagrin, le travail d’élever ses enfants avec dignité.’’ Pour elle, son fils était un paresseux qui avait, par tous les moyens, évité de faire quelque chose de sa vie, de réaliser son destin.
Ces réflexions peuvent être choquantes. Mais, à voir comment la situation actuelle évolue, se détériore, il serait peut-être temps de renouveler les discours, les points de vue.
En cela:
* À la recherche et à ses statistiques, il faudrait peut-être considérer avec le même intérêt l’intervention sur le terrain et ses observations;
* À l’approche professionnelle et à toutes ses explications savantes, considérer l’approche traditionnelle et toutes ses valeurs, croyances, interdits;
* Aux explications et analyses de plus en plus complexes et pointues, considérer la compréhension, le modèle et le sens de la vie au quotidien, ce simple ”goût du bonheur’’. ( La pillule seule ne fait que couvrir la souffrance et la détresse ).
* À la parole laissée au suicidaire et à toutes ses souffrances, à toutes ses excuses, considérer le choc, le trauma des survivants, leur courage , leur héroïsme à poursuivre malgré le rejet, la négation d’être que leur a servi le suicidé.
* A toutes ces recettes de vie, de qualité de vie, promouvoir le désir de vivre quoi qu’il advienne et tous ses apprentissages pour ‘’grandir ‘’, devenir compétent.
Le Fou Du Village