Au point du jour où la lumière se fait de plus en plus rare, Bozon le Fou se donnait un temps d’arrêt pour regarder les œuvres de ses occupations récentes. Puis ses yeux virent dans toute son ampleur le Frêne qui était devant lui et qui l’interpellait. À ce temps de l’année, il était dépouillé de ses feuilles mais ses bras étaient ’’écrasés’’ de toutes ses semences promises à un avenir plus ou moins certain. Décidément, le frêne était invisible à ceux qui ne voient rien mais très généreux dans sa mission de transmission. Plusieurs de ces semences vont s’ouvrir lors de leur chute au sol et fournir une nourriture abondante à ceux qui attendent ce festin. D’autres semences vont être déplacées par les vents, les oiseaux ou autres transporteurs de ce monde. Certaines aboutiront dans un milieu totalement mortifère mais fourniront un compost forestier très apprécié des racines, des plantes de toutes sortes. Enfin, l’infime minorité va donner réellement une descendance au père Frêne, sauf si un Géant avec sa tondeuse vient écraser cet espoir. Qu’importe, la mission a été assumée.
Continuant sa réflexion, le Fou se demandait si ce jeu de la vie se répétait depuis le début du Tout, avec très peu de variances sauf le temps et l’espace occupés. Et si ce Tout avait commencé avec des tas de germes accrochés au néant, nourris du vide et des ténèbres comme dans une matrice, un ventre. Du vent, des tempêtes, des éclairs créant petit à petit un milieu d’accueil dans un plasma chaotique mais de plus en plus organisé: des Géants planètes. Le mouvement était amorcé et devait se rendre à terme avec des forces de Créations perpétuelles. Juste des vibrations extrêmes seulement perçues par la Source elle-même qui était, est et sera.
Puis vint l’histoire du Germe humain qui devait explorer les différentes formes de vie de son milieu: gazeux, liquide, marécageux, solide…et toujours ces forces effrayantes qui menaçaient son existence. Juste l’état du brin d’herbe: je suis et Rien de plus.
Plus tard, dans la nuit des temps, les différents milieux terrestres furent habités par des êtres vivants de diverses formes, dimensions et qui devaient composer avec leur milieu respectif pour assurer leur survie. Ces échanges continuels furent le début de la conscience 2 D, celle qui a permis l’exploration et l’habitation de l’environnement.
À mesure que le germe humain se complexifiait pour atteindre une conscience de soi, en complément à celle du milieu environnant matériel, il lui fallait explorer et habiter toujours davantage son incarnation: son habitat le corps. Et atteindre ainsi une 3 D.
Réalisant que son corps n’était qu’un véhicule, il lui fallait comprendre l’énergie qui le mettait en mouvement. De plus en plus, il a eu accès à des ressentis, des émotions qui le plaçaient hors de lui-même, de son corps et le conduisaient à des vibrations de plus en plus hautes ou basses, à une conscience de plus en plus étendue, une 4 D. Ce passage, sous certains aspects, pouvait toutefois devenir pénible dans ses rencontres d’archétypes ancestraux, de peurs infantiles et autres, de ses propres créations et dogmes devenus réalités virtuelles ‘’palpables’’. Et ce, sans l’intervention de son corps comme facteur d’absorption.
Et maintenant que la Terre elle-même augmente ses vibrations, change son pôle magnétique, accentue de profonds changements , le germe humain doit se complexifier encore davantage et accéder à des intuitions de plus en plus subtiles, à des réalités longtemps cachées pour atteindre une 5 D. Bien sûr, le corps n’ayant plus la même existence, les mêmes besoins, il devient lui aussi de plus en plus subtil.
À ce stade, nous assistons à la fin d’un cycle, celui de l’involution, et le départ d’un autre à la suite et parfois presqu’en co-existence, l’Évolution. De là, il y a plusieurs dimensions et vibrations supplémentaires pour ceux qui se sont préparés à recevoir davantage et vivre consciemment la Source: vivre par, pour et avec Dieu. C’est la conscience du brin d’herbe devenu la conscience de Dieu sans dualité: ‘’ Je suis Celui qui est, était, sera’’. Un grand retour dans la Maison. Et l’Homme devient ainsi non seulement l’image mais aussi la ressemblance de Dieu, Pur Esprit.
Le Fou Du Village