Religion Et Spiritualité

Dans la critique que l’on fait des grandes religions monothéistes, dont le père commun est Abraham, il est souvent question de la désacralisation qu’elles ont contribué à instaurer a contrario des leaders, des prophètes, des envoyés, des maîtres et de leurs messages. Graduellement, elles ont quitté l’Esprit pour n’insister que sur la forme de l’enseignement. Ces religions n’ont fait qu’imposer une approche plutôt laïque appuyée sur des rites, des dogmes qui menaient à la formation d’une Religion profonde comme il y avait un État profond. Et les deux sont devenus les éléments majeurs d’une Matrice qui a conduit et gardé les gens dans un esclavage, un colonialisme de l’âme et de l’esprit. Heureusement qu’il y avait un clergé intègre, un  bas-clergé près des populations par rapport au haut-clergé plus mercantile et souvent loin des croyants. Ainsi, leur sens religieux intact a pu guider les fidèles vers une portée plus authentique. Bien sûr, les scandales récemment révélés ont montré des ministres du culte qui avaient une double vie.

La religion imposait un contrôle complet de la vie des gens par peur du péché et de l’enfer pour l’éternité. Aussi, un livre racontait l’histoire du peuple élu et consignait toutes les valeurs et croyances qu’il fallait respecter de tout temps, en tout temps. Les ‘’croyants’’ eux-mêmes étaient invités à la délation contre tous ceux et celles qui plaçaient quelques doutes à ce sujet. Les ‘’complotistes’’  étaient alors  rejetés par excommunication. En somme, on avait réussi à créer un mythe qui servait leurs fins: pouvoir, richesses et tyrannie. 

Avec le temps, il y a eu des schismes qui mettaient en lumière certaines lacunes. Mais, à la fin, ils finissaient par répéter le même modèle de puissance. Il devenait évident que la religion elle-même créait son propre schisme.  Les fidèles se sont trouvés abandonnés, seuls, orphelins. Avec le temps, plusieurs virent  une distinction nette entre une religion insignifiante (sans sens, en termes de signification et de direction)  et la spiritualité. Celle-ci proposait des voies au lieu de les imposer. Le mythe s’est effondré, le livre s’est vu critiqué par des études de toutes parts, la recherche devenait personnelle et ouverte. 

Cherchant de nouveaux signes, une nouvelle compréhension des choses, et comme principal instrument d’investigation, l’intelligence n’était plus reliée au seul mental, à la seule mémoire, à la seule répétition aveugle de vérités plus ou moins comprises, à la seule capacité de s’adapter au groupe d’appartenance. Elle permettait enfin une compréhension plus élargie et surtout ressentie, Elle devenait un ensemble de structures et fonctions interconnectées et en harmonie en vue de résoudre des problèmes ou de s’adapter à des situations  de plus en plus complexes. De là, il devenait évident qu’il y avait une hiérarchie de conscience  au sein des êtres.

Comme dans un retour vers le futur, il devenait évident que Dieu habitait ses créatures. On était passé de l’animisme au polythéisme pour aboutir au monothéisme désincarné et froid. Maintenant, il devenait évident que l’on pouvait vibrer avec tout ce qui nous entoure en co-exsitence et non séparé dans une attitude condescendante. Comme pour les peuples premiers,  les paysans, les ‘’ habitants’’ , ce qui nous entoure est de fait l’ensemble des Organes de Dieu et nous en sommes les gardiens, non les maîtres.

De plus, tout ce qui est en haut étant semblable à  ce qui est en bas, l’Homme étant un microcosme qui est la copie du macrocosme, il est évident que l’organisme humain dans son ensemble est un univers complet dont les différentes parties sont les reflets des corps célestes, eux aussi de réels organes du Créateur. Bien plus, les chakras seraient des trous de verres,  des ouvertures permettant à l’Esprit de faire tourner la vie harmonieusement, de revivifier le corps et ses différentes composantes selon les besoins. Et, tous ces organes présents dans toute la création, tant dans la Nature que dans l’Homme lui-même,  seraient des instruments qui nous font ressentir et vivre la présence du Créateur.

Pour terminer, il devient évident que l’approche moderne du réel qui se veut matérialiste, rationaliste, et individualiste, a un inconvénient, une limite certaine. Celle d’aboutir à une vision “spécialiste” de la réalité. Vouloir connaître toute chose sans tenir compte de l’ensemble qui devient banni parce qu’il est impossible de l’observer directement, de le mesurer, de le quantifier. Alors, on se prononce à partir du peu que l’on connaît,  l’élément de notre spécialité, pour généraliser à  l’ensemble. Dans ce contexte, on ne peut guère dépasser la seule description statique des faits et ne pas  considérer la dynamique, le vivant en action. Nous avons donc le choix entre réciter une prière du bout des lèvres ou vivre une vérité au quotidien et voir le divin en nous, autour de nous, qui nous accompagne. 

Le Fou Du Village