Imaginez une scène de party; imaginez un jeune noir piteux parce qu’une jeune femme blanche ne voulait pas accepter son invitation à danser; imaginez son frère lui dire pour le consoler: « Fais pas ton n****! »; imaginez les deux éclater de rire de bon cœur. Maintenant, imaginez le choc du témoin de cette scène après avoir entendu le fameux mot en N…, qui est de plus en plus défendu d’utiliser sans se faire condamner. Cet événement a pourtant réellement existé et mérite quelques compléments.
Ayant définitivement besoin de comprendre ce qui s’était passé, j’ai abordé le sujet avec l’un des acteurs de cette scène pour le moins inhabituelle. Il m’a d’abord rassuré en disant qu’entre eux, ils avaient trouvé cette façon de « guérir » leur n*gritude, d’apprivoiser leur histoire, d’accepter ce qu’ils avaient été, et surtout ce qu’ils étaient maintenant. «Pour nous rappeler ce qu’on a voulu faire de nous, des sous-humains.»
En introduisant ce mot dans leur quotidien pour finir par en rire, ils cherchaient à exorciser ce passé pour le dédramatiser, ne pas l’oublier, comme pour s’en nettoyer et ne jamais plus le répéter. Ainsi, ils refusaient l’identité qu’on avait voulu leur imposer pour toucher à leur vraie nature, leur essence, leur identité, leur unicité. Le « n****» n’existera plus si on voit ce qui s’était passé pour conduire à l’esclavage et ce qu’il nous en a coûté pour s’en libérer.
D’autant plus important que le « n****» s’est retrouvé ailleurs: les « habitants » canadiens francais furent des « n***** blancs d’amérique » parce que les élites les avaient convaicus qu’ils étaient nés pour un p’tit pain et qu’ils le répétaient entre eux. De même pour les amérindiens, à qui on avait saccagé leurs territoires extérieurs et intérieurs ( cultures et traditions) pour les isoler dans les réserves externes et internes (images négatives d’eux).
La « n*gritude » ne doit plus être répétée et renaître à nouveau. Toutefois, elle n’est pas liée à une couleur de peau mais à une attitude, un esprit de servitude. Il nous faut présenter et mettre en lumière le formatage passé: infériorité, sous-race, etc., alors que nos pères et nos mères ont été de fait les champions et les championnes de la résilience et de la survivance après des génocides et des ethnocides répétés de la part des élites « Profondes ».
Bien sûr leur infantilisation imposée procure souvent des avantages et bénéfices certains. Mais elle débouche inévitablement sur une victimisation. On croit que la victime ne sera plus jamais agressée dès lors que l’assaillant a été pointé du doigt, désapprouvé. Mais, cet aveu n’accordera pas de réel pouvoir, ni à l’agresseur ni à la victime. Il leur faudra aller plus loin et travailler sur un rachat d’équivalence pour l’agresseur, sur le pardon et la recherche d’autonomie pour la victime infantilisée, quitter la dépendance.
Pour conclure, et de manière toute contemporaine, il ne faut pas répondre au Globalisme en « n**** » et accepter notre servitude déjà programmée, en nous rendant nous-mêmes à l’abattoir. Ne pas abandonner ni jamais s’abandonner soi-même. Le « noir » indique la phase du début ou le stade final d’une évolution. Alors, à nous de choisir où nous voulons nous situer lors du point de rupture qui se profile à l’horizon de nouveaux cycles.
( Hommage à Jean-Claude )
Le Fou Du Village