Où est Charlie?

Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Mais, bien sûr, le malheur vient d’ailleurs, pas de nous. Mais, est-ce toujours vrai ? Mon premier indice est l’image que j’ai de moi-même. Elle est comme une photographie invisible qui donne un aperçu plus ou moins flou de mon paysage intérieur. Depuis ma naissance jusqu’à maintenant, on m’a donné un portrait de ce que je suis en bien ou en mal. Mes parents, ma famille, mon voisinage, mes amis etc. ont participé à la création de ce tableau. Et j’en ai acheté les grandes lignes, car c’est ce qui me définit quand je n’ai pas d’idée claire sur moi-même. Et, malgré les années,  je me réfère à cette idée globalisante: je suis correct et apprécié ou je suis mauvais et on me déteste.

Dans ce cas, il ne faut pas oublier que cette image n’est pas moi mais bien la projection que les autres ont eu sur moi. Bien plus, cette image est comme toute mauvaise photographie dans mon album, je peux la déchirer et ne plus la reconnaître comme Moi ou,en tout cas, comme le seul indice de ce que je suis réellement.

Comme deuxième indice, il me faut considérer le sentiment de ma valeur personnelle: je suis important ou non pour les autres et principalement pour moi-même. Ce deuxième élément se construit dès ma naissance et les premières années de ma vie. Et il repose sur trois facteurs: ai-je été bien accueilli dès les premiers instants; par des gens qui sont fiables dans leur réponse à mes besoins; qui m’ont démontré que je suis important pour eux avant de l’être pour moi-même. Tout ceci donne un ‘’imprint’’ très fort et résistant surtout dans les moments de doutes et de difficultés. De là va s’élaborer la résilience.

Bien sûr, en cas de manquement, on peut compenser et finir par avoir une bonne idée de notre valeur personnelle. Si on se montre utile aux autres, ils vont bien sûr nous apprécier. Mais ce jugement sera toujours conditionnel, ne sera pas acquis. Il sera à reconstruire régulièrement. Et il ne sera jamais aussi fort que le sentiment de notre valeur qui, lui, est imprégné en nous. Heureusement,  on a toute la vie pour apprendre à vivre.

Enfin, il y a mes ‘’bonnes’’excuses pour faire ou ne pas faire des changements. On peut toujours trouver de bonnes raisons pour expliquer tout. Mais, avoir de grands désirs qui donnent l’énergie, de beaux plans pour les réaliser ne seront pas suffisants pour faire une différence. Il faut se mettre en action pour compléter la boucle et incarner le  tout.

Voilà les trois cachettes de Charlie. Si je ne trouve pas où le bât blesse, je serai toujours mon ennemi: soit rien ne m’allume au point d’étouffer l’énergie nécessaire pour avancer; soit je n’arrive pas à m’organiser pour élaborer un plan réaliste qui va conduire à  la réussite; soit mon élan est trop fort et me conduit dans plusieurs directions à la fois ou m’en demande trop pour vraiment commencer. Où en suis-je et quel est mon handicap majeur ?

Par ailleurs, je serai toujours mon ennemi si j’entretiens une image négative de moi-même, si je n’ai pas le sentiment de ma valeur personnelle, si je me confonds en des excuses continuelles. La bataille se situe toujours à ces différents niveaux si je veux avoir une lecture judicieuse de mes capacités réelles. 

L’autre ou la situation problème n’est pas l’ennemi mais n’est rien de plus qu’un adversaire placé là pour m’aider à cheminer, à me développer. Or, parfois, mieux vaut un bon adversaire qu’un ami toujours prêt à nous recevoir, tout expliquer, nous excuser. Selon les moments, ce support peut s’avérer nécessaire mais ne sera pas toujours propice et utile pour avancer. 

Le Fou Du Village