Les Dignités?

Selon ce qui nous rend sensible, la dignité traduit un respect, une grandeur. Elle réfère à un honneur, une noblesse. Pour ce, il faut avoir atteint un accord avec les plus grandes valeurs, le plus haut standard de notre réalisation en tant qu’humain. La dignité nous donne un rang éminent dans la hiérarchie des êtres et de l’Homme. Elle est contraire à un avilissement, une inconvenance, une indécence. Et il est possible de faire les plus grandes bassesses en les fardant de dignité pour les rendre acceptables, dans un revirement de sens.

Il y a peu, tout le monde parlait de dignité pour justifier une mise à mort de personnes en fin de vie sans égard pour leur vécu fondamental et leur cheminement spirituel. Bien sûr, ceux et celles qui ne trouvaient plus de sens à leur vie pouvaient demander d’en finir au plus vite. Le tapage médiatique, le changement de la loi permettaient ainsi de justifier et de légitimer  l’euthanasie. Il fallait mourir dans la dignité pour ne pas considérer à fond, ni accompagner les gens dans cette dernière étape de croissance, leur croissance. Il était rare d’entendre qu’il était possible de diminuer leur souffrance physique le plus longtemps possible tout en maintenant leur conscience vive et vivante. Il était inconvenant de penser et de dire  qu’il serait possible de les accompagner dignement vers la mort.

Paradoxe! Alors qu’on défendait bec et ongle le droit fondamental de mourir dans la dignité, lors du covid, on a laissé mourir des milliers de gens, seuls, sans eau ni nourriture, sans leurs médicaments, dans leurs couches souillées. La seule injection qui leur était fournie, c’est celle qui les amenait à la mort dans le plus grand isolement. Cette situation était connue, voire même, entretenue par les autorités sanitaires mais cachée dans les médias.  Il faut croire qu’on avait oublié nos beaux principes pour d’autres visées plus ‘’utiles’’.

Alors, que penser quand ces mêmes autorités nous disent qu’il faut vivre dans la dignité ? Selon elles, il serait crucial de s’interroger sur les conditions de vie de plusieurs personnes et de se demander s’il était plutôt ‘’humain’’ d’envisager leur libération par une  mort ‘’prématurée’’ et désirée, qui les soulagerait de leur fardeau de vivre. Tels les toxicomanes, les chômeurs et assistés chroniques, les criminels endurcis etc. Bien sûr, il faudrait avoir ou programmer leur consentement. Le même tapage médiatique présentant en boucle les volontaires à ce projet, certains aménagements de la loi rendraient tout cela possible.

Enfin, il faudrait également s’interroger sur la pertinence de naître dans la dignité. La science génétique étant ce qu’elle est, on pourrait prédire avec ‘’justesse’’ que certaines naissances sont inutiles car trop problématiques pour être ‘’ acceptables’’. Surtout quand  le foetus à naître ne peut offrir une totale autonomie à l’enfant tout au long de son parcours. Cette option est déjà appliquée dans plusieurs situations, dont les trisomiques. Les parents subissent alors de fortes pressions médicales et sociales pour influencer leur décision vers l’avortement. On leur dit qu’ils devront assumer leurs ‘’problèmes’’ seuls,  pour une bonne part. Et que penser des campagnes de stérilisation des femmes africaines et autres, sans leur consentement, décidé et appliqué en sourdine.

Dans ce contexte global, serait-il plus productif si les naissances se faisaient dans des usines à bébés comme dans Le Meilleur des Mondes. Tout se ferait scientifiquement et tout le processus serait contrôlé de la conception à la naissance. Le résultat final serait ainsi programmé, ne laissant rien au hasard.

À la fin, tout ce processus global incluant mort, vie et naissance se faisant dans la dignité la plus ‘’complère ‘’ mais discutable, cacherait-il quelque chose d’un peu moins digne, d’un peu plus indécent ? L’histoire elle-même nous en donne  la réponse et l’illustration. À mots couverts, cela ressemble à de l’eugénisme très fréquent et populaire chez les régimes totalitaires et leur ‘’digne’’ dictature. Promotion de la pureté de la race et destruction de tout ce qui est différent ou impur. L’eugénisme actuel serait plus global et inclurait toutes les ‘’bouches inutiles’’, lors de leur naissance, de leur vie et de leur mort. Seule une élite Profonde aurait la responsabilité du choix pour tous ces gens  qui iraient à l’abattoir avec leur  propre consentement ‘’programmé’’ et obligatoire. 

Le Fou Du Village