La chance du débutant…

La chance est un mystère.  C’est comme dans une lecture des  astres, il faut parfois chercher longtemps avant de voir ou de pressentir l’immensité. Il faut surtout être au bon endroit car dans la nature, tout est en nuance, à sa place. Et parfois, vous pouvez voir la géométrie de la création, le génie du Créateur. Alors ce n’est plus la chance, c’est la grâce.

Puis, apparaît une bonne étoile, celle qui attire l’attention par sa luminosité particulière, nous touche d’une façon plus personnelle. C’est comme dans tout ce qu’on entreprend de nouveau. Quand on est novice,  il y a beaucoup d’espoir, comme un appel inconnu, mais aussi plein d’appréhension face à des conditions insoupçonnées. Les probabilités de réussite  semblent être laissées au hasard ou à notre persévérance. Et si le débutant s’y attarde trop, il ne commence rien. Dans le doute, il ne veut guère s’aventurer en terre inconnue mais un espoir l’invite un peu contre sa peur. Il faut alors pousser sa chance.

Heureusement, il y a comme un guide à ses premiers pas, comme une aubaine. On dirait que la veine est de son bord. Les aléas sont rencontrés un à un, le temps est arrêté et si on pousse sa chance, une lumière apparaît. Il y a un autre soi-même qui se pointe à l’horizon. L’expérience amène graduellement une confiance, de nouvelles aptitudes.

Il y a pire que de rencontrer certaines embûches, voire même des échecs, c’est de ne rien commencer. La perfection ne vient pas au début, on s’en approche petit à petit sans jamais l’atteindre. Et surtout, il faut apprécier nos premiers pas, en tirer un plaisir à chaque fois, à chaque étape. Dans le cours de la vie, ce n’est pas la destination qui compte, on la connaît déjà, c’est notre finalité, notre mort qui est garante d’une nouvelle naissance. Le plus important, c’est le voyage qui s’étend sur nos réussites même les plus petites.

Un sage disait que les premiers cinquante ans de ta vie te sont donnés. Ton énergie est tellement puissante et disponible facilement que tout te paraît facile. Il n’y a pas d’obstacle qui te semble insurmontable. Et surtout, le temps n’est pas un problème car tu ne peux même pas envisager qu’il y aura une fin un jour. Et les ratés, les handicaps sont pour les autres,  non pour toi. Si les plus âgés te disent que la vie passe très vite, tu t’imagines qu’ils sont fatigués ou usés. Ils ne sont plus adaptés à la vie actuelle et devraient se retirer, se mettre sur la voie de service.

Bien sûr, il y a beaucoup de fabulation dans cette attitude. Mais c’est en pensant que tout est possible que tout peut le devenir. Il est de plus en plus reconnu que nous créons nous-même notre présent et notre futur. Alors, vaut mieux les voir positivement que de mettre plein de doutes entre maintenant et demain. De toute façon, il vaut mieux constater que nous survivons régulièrement à des épreuves qui ne sont jamais survenues (Mark Twain). Il vaut peut-être mieux se dire que l’on pelletera la neige quand elle sera au sol, pas avant. Il faut faire confiance à la vie, à nous-même, à nos guides puisque nous sommes protégés. Et un vieux sage d’ajouter à propos de son fils  aîné: ‘’ je ne peux pas l’empêcher de se mettre parfois dans le pétrin, j’essaie juste de faire en sorte qu’il se fasse moins mal.’’  La vie coule, rapide et en diagonale, comme une lecture de ce nom.

Le fou du village