Le progrès et ses illusions…

Les plus vieux se souviennent de certaines rengaines qui ont traversé  leur enfance et leur jeunesse mais qui ne ressemblaient guère à des contes pour enfants. ‘’Il faut suivre le progès’’ puis ‘’Achetez maintenant et payez plus tard’’. Tout le monde devait être à la mode et se tenir à l’affût de cette vague de changements qui était proposée tout azimuth. Les espoirs étaient grands dans tous les domaines et annoncaient un mieux-être pour la planète et ses habitants. Par ce mouvement en avant et entretenu quotidiennement, il devenait évident que l’homme connaîtrait une évolution, un véritable changement d’état. Et tout le monde serait gagnant à mesure que les résultats se répandraient.

Avec les avancées de la science et de ses technologies, nous pouvions espérer des solutions à tout ce qui restreignait notre qualité de vie et notre quiétude. À cela s’est greffée la médecine et sa compréhension de plus en plus pointue de la nature humaine, et surtout ses moyens pour éradiquer toute maladie qui finit par hypothéquer notre longévité. Puis il y a eu la révolution verte et ses promesses d’avoir des aliments en abondance pour tout le monde et mettre fin aux famines. S’est également développée une étude scientifique de nos environnements pour aboutir à une compréhension et un discours convainquant sur notre maison la Terre au point de parler d’une véritable écologie. Au plan politique, il fallait cesser ces avantages réservés à des élites de droit divin et surtout héréditaires. À partir d’un slogan répété de fraternité, égalité, et unité, la république est apparue partout pour n’avoir plus qu’un seul langage, celui de la démocratie. Avec la scolarisation pour tous, il devenait possible d’envisager une meilleure éducation de tous et toutes. Avec l’économie, il devenait possible de connaître et surtout de contrôler nos finances personnelles et collectives.

Avec tous ces changements et bien d’autres, il devenait possible de parler de libération.  On pouvait espérer le bonheur dans une société de loisirs. On allait vers une richesse sans fin pour tout le monde. Mais, qu’en est-il réellement ? Quand la science est devenue le scientisme; la médecine, elle, est devenue une officine de drogues de toutes sortes et de tous les usages; quand la révolution verte n’a produit que des plantes et légumes qui poussent en orgueil et ont perdu leur vitalité sans compter toute la pollution qu’elle a engendrée; quand l’écologie a glissé vers la politique et l’économique pour devenir un mécanisme de contrôle des masses et une source de revenus énormes; quand l’économie s’est de plus en plus appuyée sur la spéculation; quand la politique a présenté de plus en plus des signes de totalitarisme; quand l’éducation proposée est devenu un avilissement de plus en plus précoce; quand la libération est devenue esclavage; le bonheur une peau de chagrin; la richesse un endettement et une pauvreté généralisée.

Si nous considérons l’ensemble, le changement s’est opéré depuis fort longtemps et sur plusieurs niveaux. Le monde, surtout occidental, a basculé vers de nouveaux dogmes. Tout devenait matérialiste: on ne devait considérer comme réel que ce qui était observable, mesurable, quantifiable. Sur le plan de la pensée, tout devait être rationnel, logique, objectif.

Enfin, tout devait reposer sur l’individu sans tenir compte du groupe, de l’ensemble, l’Ego devenant le seul maître. ‘’ Je pense, donc je suis’’ est devenu  ‘’Je pense donc, tu suis ‘’. Partout, il y a bien une thèse et une antithèse mais jamais de synthèse. On passe à autre chose, sans jamais conclure. Les communications et les informations l’emportent sur de véritables relations avec les autres, mais surtout avec notre vraie nature qui est divine.

Le fou du village