Les ”volutions”

La ‘’volution’’ est un mouvement créateur à deux temps: la descente ou chute (involution) et l’ascension ou montée (évolution). Apparemment différents mais complémentaires, ils sont vus comme une suite n’ayant aucun rapport de l’un à l’autre. Mais, dans une vision en hauteur, ils se présentent en un tout organisé, comme en coexistence. La course peut être alors descendante ou ascendante. C’est comme s’il y avait en même temps une destruction et une reconstruction nécessaire.   La révolution, elle, ne subit pas cette alternance ni ce momentum naturel. Elle se présente plutôt comme un point d’arrivée atteint souvent en accéléré et dans une rupture avec le passé: nature différente des choses, sans retour possible, dans un choc plus ou moins attendu.

En clair, l’involution est un mouvement de repli, de retournement  vers l’intérieur, aux plans concrets mais aussi abstraits, spirituels, etc. Elle traduit une modification plutôt régressive d’un organisme ou de ce qui représentait un tout organisé et en équilibre. En cela, elle est vue comme un  recul, une perte. Comme lorsqu’un esprit ou une âme doivent baisser leur niveau de vibrations pour  intégrer un corps inerte à qui ils donneront vie. Elle est toujours vue comme un malheur plus ou moins accepté, plus ou moins voulu et temporaire, pour un retour à un bien-être antérieur, au mieux pour un net progrès, un mieux-être.

L’évolution, elle, réfère à une transformation graduelle, plutôt lente, allant dans un même sens entre ce qui était et ce qui sera. Elle n’évoque pas un changement drastique ni un bouleversement soudain. Elle se fait dans des étapes successives, des réformes qui parfois se chevauchent. Le résultat étant ainsi programmé, il est plus facilement accepté. Toutefois, la séquence des modifications doit être progressive, ne jamais laisser soupçonner des chaînons manquants, ne jamais affirmer des gains de fonction par la seule progression naturelle. Elle ne sera pas nécessairement remarquée par ceux et celles qui seront les sujets de ce revirement.

Quant à la circonvolution, il s’agit de deux mouvements en rotation autour d’un axe à la façon d’une spirale. Elle est plutôt une sinuosité, un enroulement autour d’un point central. Selon l’histoire de la création, la matière, l’espace et le temps naissent en même temps et se maintiennent par les forces du vide qui en sont le point de vie. Ce serait comme un ‘’respir’’: une inspiration alternant avec une expiration, dans un mouvement perpétuel. Et cela se ferait selon des cycles définis.

Enfin, la révolution est d’un genre différent. Elle est un changement très important, comme un bouleversement. En apparence seulement. Elle ne semble pas répondre à des réformes planifiées, à un mouvement progressif et pressenti de tous les participants. Elle serait de fait un mouvement impulsif, irrationnel qui conduirait la majorité à des abus incontrôlés et qui dépasseraient souvent son sens commun, à tout le moins sa vie courante. Mais, si le terrain nous montre un vrai fouillis, les initiateurs, eux, sont très conscients de ce qui se passe, sont absents du gâchis mais savent très bien ce que sera l’issue car ce sont eux qui ont préparé les résultats. Les exécutants sont autant victimes que les exécutés, acteurs d’une pièce qui ne leur appartient pas. Ils ne sont que des figurants.

 Le fou du village