Le colonialisme à rebours

L’histoire de la terre est une saga sans fin de colonisation. D’abord venu d’ailleurs, l’envahisseur a  tiré profit de ce que ce monde lui offrait en termes de richesses pour combler ses propres besoins. Bien sûr, il était accueilli sans trop de résistance, ayant une apparence et une technique qui imposaient. Avec de grandes richesses souvent insoupçonnées et inconnues d’eux-mêmes, les autochtones ne comprenaient pas cette attitude de possesseur face à tout ce qu’ils touchaient et désiraient. Pour eux, rien ne leur appartenait en mains propres mais leur était consenti par les dieux et la Terre Mère pour répondre à leur nécessité de survie. Leur territoire extérieur était de plus en plus saccagé au point d’en perdre un usage harmonieux. Ils étaient même déplacés selon l’appétit des nouveaux arrivants. Violences, guerres,  cruauté de toutes sortes étaient le nouveau lot des premiers occupants. Ils ne possédaient plus rien et n’étaient plus heureux.

Après la conquête du territoire extérieur, et souvent au même moment, il y avait d’autres usurpateurs, plus sournois, pour modifier leur territoire intérieur: valeurs, croyances, culture et traditions. Encore là, même désolation. Bien sûr, il y avait quelques rébellions, mais un peu trop tard et à armes inégales. Dans un tel contexte global, les autochtones devenaient des apatrides et se sentaient responsables de ce désastre, honteux, avec une charge agressive en eux, impuissants en tout. Il ne restait que désolations, pour des générations à venir. Ils ne croyaient à rien et n’étaient pas heureux.

Depuis lors, des hordes barbares se sont succédées mais avec le même programme de destruction pour ce qui existait avant et pour déposséder les gens en place de tout ou presque. Ne restaient plus que des ‘’esclaves’’, qu’ils appelaient des sous-humains,  et qui étaient la véritable force de travail. Les envahisseurs, eux, n’en tiraient que les profits.

Selon les époques, les empires se sont succédés avec le même schéma. Sauf que ceux qui étaient  qualifiés de ‘’sous-développés’’ alors qu’ils étaient, de fait, ‘’sur-exploités’’, se réveillent de plus en plus et ne veulent plus être les dindons de la farce et de la force. Ils réclament leur autonomie et du respect. Ce que les anciens abuseurs ne reconnaissent pas,  ni n’acceptent ce nouveau statut. Ils essaient par tous les moyens de revenir à leurs avantages par la même  violence, fourberie et le mensonge.

Qu’à cela ne tienne. Ils ont maintenant un autre objectif, encore plus grand: celui d’asservir la terre entière. De connivence avec les grandes entreprises, les ‘’grandes fortunes’’, celles accumulées au détriment des populations, plusieurs états et pays ont placé des dictateurs, des pions à leur direction. Maintenant,  ils ont décidé de coloniser leur propre population. Et comme leur visée est énorme, leurs armes sont asymétriques et exigent une collaboration coûteuse des média et de tous ceux qui sont ‘’achetables’’ pour véhiculer leur mensonge: ‘’vous ne posséderez plus rien et vous serez heureux’’. 

En somme, des destructeurs ont été à l’œuvre depuis des lunes et sur plusieurs fronts. Leur slogan est le même: ‘’avant nous le déluge, après nous le néant.’’ Heureusement, il y a maintenant des gens, des mouvements qui vont dans le sens d’une reconstruction d’une humanité et terre nouvelles. À nous de choisir notre camp car on finit par vivre avec ce qu’on a choisi.        

 Le fou du village