Dans notre quotidien, nous vivons une réalité matérielle définie par nos sens, nos sensations, qui créent notre perception. Cette dernière diffère d’un individu à un autre selon la présence et l’acuité de ses outils. Ainsi, un aveugle perd une partie de la réalité (vision) qu’il doit compenser par une ouïe plus sensible pour assurer son adaptation. Par ailleurs, notre raison nous permet d’évaluer ce réel pour qu’il soit acceptable et accepté pour nous et les gens autour de nous, par les éléments de notre environnement. Sinon, ce sera la folie. D’autre part, nous vivons des émotions selon un régistre qui est également personnel et qui nous permet de ‘’vibrer’’ à notre milieu, humain et autre. Enfin, nous gardons un pouvoir sur ce qui survient dans notre vie de tous les jours, notre sentiment de sécurité en dépend.
Maintenant, imaginez ou rappelez-vous un événement qui n’est pas tout à fait réel mais plutôt en dehors du courant. Bien plus, ce qui apparaît à nos sens est plutôt de l’ordre de l’inconnu, déraisonnable, un peu confus. À un point tel que nos émotions qui s’y rattachent peuvent être extrêmes de l’ordre de la peur, de l’angoisse. Vous n’êtes plus un adulte pour redevenir comme un enfant dans le noir qui soudainement devient de plus en plus habité de craintes, de ‘’fantômes’’. À la toute fin, vous avez une perte de contrôle de plus en plus forte, inconnue et déstabilisante. Vous perdez vos moyens et risquez de basculer dans un état de noirceur plus ou moins intense. Comme on dit, vous n’êtes plus une lumière et commencez à craindre pour votre sécurité physique et même mentale.
Passer d’un monde ordonné et de lumière à une réalité ténébreuse sans référence certaine est toujours déroutant. C’est comme être projeté en plein milieu de nulle part, sans référence connue. Dès lors, une confusion temporaire et plus ou moins sévère se présente à notre conscience ‘’embuée’’ avec de nouvelles règles. Il faut pouvoir identifier des figures venant sur un fond flou et incertain, de nouveaux codes qui peuvent nous permettre de saisir, et surtout ressentir, cette nouvelle énergie puissante et parfois hostile. Il faut alors se placer sur un régistre animal, celui de l’instinct. Le mental peut être néfaste dans ses analyses savantes mais inutiles parce que étendues dans le temps. Et surtout, il ne faut pas laisser la place aux entités envahissantes, aux émotions pouvant nous anéantir dans un trauma désintégrant. Il ne faut jamais céder notre volonté et foncer selon notre ressenti…et comprendre peut-être plus tard.
Pour illustrer ce que nous disons, voici une histoire réelle à n’en pas douter. Lors d’un convoi funéraire qui a lieu ailleurs dans une petite communauté, un homme est sur un trottoir surélevé lui permettant de voir très nettement le cercueil ouvert et le cadavre à l’intérieur. Les gens défilent devant lui et chantent dans une langue étrangère pour conduire la morte à son dernier repos. Le défilé au loin, il traverse la rue pour voir le contenu disponible dans une vitrine. Soudain, il ressent une énergie très forte sortant de la terre et s’élevant le long de ses jambes. Très inconfortable, la tension se manifestant de plus en plus forte, il décide de quitter ce lieu et de revenir où il était avant tout ça. Car il a la certitude que s’il reste dans ce champ de force, il va tomber par terre dans un très mauvais état. Plus tard, un autochtone de la place lui confirme la véracité de cette épreuve en ajoutant que la morte aurait pu l’amener avec elle dans la mort.
En somme, dans cette situation et dans plusieurs autres, force est de constater qu’il n’y a pas un seul réel mais plusieurs qui se chevauchent, en parallèle et parfois dans d’autres dimensions. Et plusieurs d’entre nous en ont fait l’expérience sans pouvoir en parler de peur d’être considérés comme ‘’bizarres’’. Et c’est là le drame de rester isolés avec ces expériences d’un autre type.
Le fou du village